تويت
Un écrivaillon à la barre
Par : Saïd Chlih
Par : Saïd Chlih
La cour !! Une voix enrouée fit trembler la salle. Toute l’assistance se tut et se leva.
L’honorable magistrat Delamémoire prit place. Il mit son binocle, ouvrit le grand
cahier,roula ses yeux et appela aussitôt le premier plaignant à la barre.
-Voudriez-vous décliner votre identité ?
-M. Jourdain connu sous le sobriquet : Bourgeois gentilhomme.
-Que reprochez-vous à l’accusé ?
-Ses propos diffamatoires, votre honneur. Il n'a cessé de traîner ma réputation dans la boue. Il est le seul à me traiter d’ignare. Les grands hommes de lettres apprécient hautement mes œuvres. Partout où je vais, les gens marmonnent ses propos avilissants qui transpercent mon oreille pour se faire écho dans mon cœur blessé, meurtri.
cahier,roula ses yeux et appela aussitôt le premier plaignant à la barre.
-Voudriez-vous décliner votre identité ?
-M. Jourdain connu sous le sobriquet : Bourgeois gentilhomme.
-Que reprochez-vous à l’accusé ?
-Ses propos diffamatoires, votre honneur. Il n'a cessé de traîner ma réputation dans la boue. Il est le seul à me traiter d’ignare. Les grands hommes de lettres apprécient hautement mes œuvres. Partout où je vais, les gens marmonnent ses propos avilissants qui transpercent mon oreille pour se faire écho dans mon cœur blessé, meurtri.
-Et vous, accusé, qu’en dites-vous ?
-Permettez-moi, votre honneur, d’informer la cour d’un fait récent. En parcourant quelques sites du Net, je me suis rendu compte que mon jugement était juste et mes propos raisonnables quoi que quelque peu désagréables. J’y ai trouvé des milliers de petits Jourdain s’apparentant aux génies de la créativité, se jetant des fleurs et baignant dans la mégalomanie.Des écrivaillons. Loin de là, que dis-je ? Ce serait honteux de les qualifier ainsi ! Que M. Jourdain ne m’en veuille pas. Je lui ai simplement dit haut et fort ce que ses prétendus amis de salons pensent tout bas.
Quoiqu’il en soit, je me ferai un plaisir de présenter à la cour quelques échantillons des essais de M. Jourdain en demandant à votre honneur qu’ils soient retenus comme pièces à conviction.
-Qu’il en soit ainsi. Faites-en .
Quoiqu’il en soit, je me ferai un plaisir de présenter à la cour quelques échantillons des essais de M. Jourdain en demandant à votre honneur qu’ils soient retenus comme pièces à conviction.
-Qu’il en soit ainsi. Faites-en .
Le juge n’eut pas à tout lire. Il ôta son binocle et s’adressa à l’assistance:
-Nous, juge Delamémoire, déclarons M. Molière non coupable des faits qui lui ont été reprochés. Quant à vous, M. Jourdain, nous vous ordonnons de prendre bien soin de vos affaires florissantes. Vous et l'écriture, vous ne faites malheureusement pas bon ménage. La séance est levée.
-Nous, juge Delamémoire, déclarons M. Molière non coupable des faits qui lui ont été reprochés. Quant à vous, M. Jourdain, nous vous ordonnons de prendre bien soin de vos affaires florissantes. Vous et l'écriture, vous ne faites malheureusement pas bon ménage. La séance est levée.
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