بعد نشري لبعض مذكراتي عن بلدي المغرب، طلب مني الاستاذ جلال داود ان اكتب المزيد عن الدار البيضاء مسقط راسي وارض اجدادي، لكن في انتظار ان انشر المزيد عنها بالعربية، استسمح الاخ جلال لانني سانشر هنا شيئا من طلبه لكن بالفرنسية. اعد ان شاء الله
بانني ستكون لي عودة الى القسم العربي بشيء من الذكريات اذا بقي لنا في العمر ما يسمح بذلك.
من سلسلة المغرب كما عرفتهبانني ستكون لي عودة الى القسم العربي بشيء من الذكريات اذا بقي لنا في العمر ما يسمح بذلك.
Casablanca: Eloge de la laideur
yLe contexte
«- Ouh, là, Momo, on est chez les riches: regarde, il y a des poubelles
v – Eh bien quoi, les poubelles?v
v– Lorsque tu veux savoir si tu es dans un endroit riche ou pauvre, tu regardes les poubelles. Si tu vois
ni ordures ni poublles, c’est très riche. Si tu vois des poubelles et pas d’ordures, c’est riche. Si tu vois
des ordures à côté des poubelles, c’est ni riche ni pauvre: c’est touristique. Si tu vois les ordures sans
poubelles, c’est pauvre. Et si les gens habitent dans les ordures, c’est très très pauvre. »c
Tiré du roman de Schmitt, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
Le texte Il y a du beau dans tout ce que Dieu a créé; y compris dans le laid. Certes nous n’avons pas tous le même regard poétique d’un Omar Al-khayam pour pouvoir déceler les « atomes » du beau dans tout ce qui croise le regard:v
Partout ou se voit une robe ou un parterre de tulipes,v
Fut répandu jadis le sang d’un roi :v
Chaque tige jaillissant du sol,v
C’est le signe qui orna la joue d’une beauté
Non plus nous n’avons tous la même verve romantique d’un Charles Baudelaire afin de crier:v
v Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d’amour et d’amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l’immortelle Beauté!v
Et malgré cela, entre ceux qui voient le laid partout et ceux qui ne le voient nulle part, nous avons chacun une vision différente des choses qui nous entourent et qui rythment notre quotidien, non pas dans ce qu’il a de plus raffiné, mais, justement, dans ce qu’il a de plus banal…aux yeux des autres. Et c’est en essayant de saisir la laideur de ce « banal » que je retrouve la beauté de mon « quotidien » d’enfance: Casablanca.v
Car de toutes les villes qu’il m’ait été donné de visiter, il n’est de ville plus laide que Casablanca – Dar El Beida (maison blanche qui ne doit rien à son appellation), cette métropole – Ghoula dit-on dans le jargon local – qui m’a vu naître. Sale et souillée, les souvenirs de Casablanca me traversent l’esprit et voici l’essentiel de ce que j’en garde:v
Les balades pédestres ou motorisées dans les rues sales et congestionnées; les coups étourdissants de klaxons très souvent absurdes et sans raisons; les policiers - ces gardiens de la paix à qui on a confié la sûreté nationale mais qui, dans le fond, se battent pour ne rassurer que leur peau en espérant rentrer chez eux sains et saufs avec, pour seule marque de loyaux services, un uniforme usé sous la chaleur du soleil et noirci par la fumée polluante des vieux taxi délabrés; les vraies zones de péage installées sur les fausses autoroutes au tarif exorbitant dont le véritable effet augmente à mesure que les caisses de l'Etat se renflent et les poches des citoyens se vident; l'odeur du gypse - cette substance blanchâtre d'une odeur de moisissure quasi enivrante avec laquelle sont peints les murs de nos nombreuses mosquées du quartier; les jeunes opiacés au flegme atavique dont certains sont biberonnés au désespoir et d'autres bercés jusqu'au déni; sans passer sous silence les vieux au dos courbé avec l’usure du temps et la misère de l’oisiveté - les derniers signes affaiblis de la décrépitude du corps…. Que me vient-il encore à l'esprit? Le capharnaüm des souks, les bagarres et les badauds, le thé de mauvais goût... tout cela et bien d’autres choses laides et moins raffinées qui font de Casablanca mon unique lieu tant adoré.v
A quoi pensé-je encore? Ah!, à ces minutes interminables que nous passions chaque matin, mes frères et moi, à prier par tous les saints pour qu'arrive malheur au transport scolaire en vue de profiter d'un congé d'école; faire l'école buissonnière dans une périlleuse tentative d'imiter Tom Sawyer, notre héros mythique de tous les temps...Et bien d'autres beaux souvenirs de Casablanca qui enregistrent toujours dans ma mémoire le décadent plaisir de vivre en ville. v
Et pendant ce temps, moi, je me transforme subrepticement du simple observateur au regard voyeur non insoupçonnable, au principal acteur de ma vie dans un savoureux mélange de sentiments joyeux et misérables. Néanmoins, rien ne m'empêchait de vivre le moment présent dans un idyllique
plaisir de l’instant.v
On m’objectera mon excès de lyrisme, je l’entends peut-être bien. Maintenant que je suis loin de Casablanca, la laideur me semble supportable, donc moins pénible vue d’ailleurs. On me rappellera les chants d’Al-Khayam:v
Tiens-t’en à l’argent comptant et renonce à un gain promis,v
Car le bruit des tambours, frère, n’est beau que de très loin
Mais je persiste tout de même: Et Dieu créa la beauté…même dans la laideur.v
Mohamed Chahid
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«- Ouh, là, Momo, on est chez les riches: regarde, il y a des poubelles
v – Eh bien quoi, les poubelles?v
v– Lorsque tu veux savoir si tu es dans un endroit riche ou pauvre, tu regardes les poubelles. Si tu vois
ni ordures ni poublles, c’est très riche. Si tu vois des poubelles et pas d’ordures, c’est riche. Si tu vois
des ordures à côté des poubelles, c’est ni riche ni pauvre: c’est touristique. Si tu vois les ordures sans
poubelles, c’est pauvre. Et si les gens habitent dans les ordures, c’est très très pauvre. »c
Tiré du roman de Schmitt, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
Le texte Il y a du beau dans tout ce que Dieu a créé; y compris dans le laid. Certes nous n’avons pas tous le même regard poétique d’un Omar Al-khayam pour pouvoir déceler les « atomes » du beau dans tout ce qui croise le regard:v
Partout ou se voit une robe ou un parterre de tulipes,v
Fut répandu jadis le sang d’un roi :v
Chaque tige jaillissant du sol,v
C’est le signe qui orna la joue d’une beauté
Non plus nous n’avons tous la même verve romantique d’un Charles Baudelaire afin de crier:v
v Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d’amour et d’amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l’immortelle Beauté!v
Et malgré cela, entre ceux qui voient le laid partout et ceux qui ne le voient nulle part, nous avons chacun une vision différente des choses qui nous entourent et qui rythment notre quotidien, non pas dans ce qu’il a de plus raffiné, mais, justement, dans ce qu’il a de plus banal…aux yeux des autres. Et c’est en essayant de saisir la laideur de ce « banal » que je retrouve la beauté de mon « quotidien » d’enfance: Casablanca.v
Car de toutes les villes qu’il m’ait été donné de visiter, il n’est de ville plus laide que Casablanca – Dar El Beida (maison blanche qui ne doit rien à son appellation), cette métropole – Ghoula dit-on dans le jargon local – qui m’a vu naître. Sale et souillée, les souvenirs de Casablanca me traversent l’esprit et voici l’essentiel de ce que j’en garde:v
Les balades pédestres ou motorisées dans les rues sales et congestionnées; les coups étourdissants de klaxons très souvent absurdes et sans raisons; les policiers - ces gardiens de la paix à qui on a confié la sûreté nationale mais qui, dans le fond, se battent pour ne rassurer que leur peau en espérant rentrer chez eux sains et saufs avec, pour seule marque de loyaux services, un uniforme usé sous la chaleur du soleil et noirci par la fumée polluante des vieux taxi délabrés; les vraies zones de péage installées sur les fausses autoroutes au tarif exorbitant dont le véritable effet augmente à mesure que les caisses de l'Etat se renflent et les poches des citoyens se vident; l'odeur du gypse - cette substance blanchâtre d'une odeur de moisissure quasi enivrante avec laquelle sont peints les murs de nos nombreuses mosquées du quartier; les jeunes opiacés au flegme atavique dont certains sont biberonnés au désespoir et d'autres bercés jusqu'au déni; sans passer sous silence les vieux au dos courbé avec l’usure du temps et la misère de l’oisiveté - les derniers signes affaiblis de la décrépitude du corps…. Que me vient-il encore à l'esprit? Le capharnaüm des souks, les bagarres et les badauds, le thé de mauvais goût... tout cela et bien d’autres choses laides et moins raffinées qui font de Casablanca mon unique lieu tant adoré.v
A quoi pensé-je encore? Ah!, à ces minutes interminables que nous passions chaque matin, mes frères et moi, à prier par tous les saints pour qu'arrive malheur au transport scolaire en vue de profiter d'un congé d'école; faire l'école buissonnière dans une périlleuse tentative d'imiter Tom Sawyer, notre héros mythique de tous les temps...Et bien d'autres beaux souvenirs de Casablanca qui enregistrent toujours dans ma mémoire le décadent plaisir de vivre en ville. v
Et pendant ce temps, moi, je me transforme subrepticement du simple observateur au regard voyeur non insoupçonnable, au principal acteur de ma vie dans un savoureux mélange de sentiments joyeux et misérables. Néanmoins, rien ne m'empêchait de vivre le moment présent dans un idyllique
plaisir de l’instant.v
On m’objectera mon excès de lyrisme, je l’entends peut-être bien. Maintenant que je suis loin de Casablanca, la laideur me semble supportable, donc moins pénible vue d’ailleurs. On me rappellera les chants d’Al-Khayam:v
Tiens-t’en à l’argent comptant et renonce à un gain promis,v
Car le bruit des tambours, frère, n’est beau que de très loin
Mais je persiste tout de même: Et Dieu créa la beauté…même dans la laideur.v
Mohamed Chahid
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