Si l'épistémologie est la science qui nous permet de comprendre les origines de notre connaissance en répondant aux questions du genre: qu'est-ce que nous savons et comment nous savons ce que nous savons? Il est aujourd'hui un nouveau concept - bien drôle - qui traite non point de la production du savoir, mais plutôt de son contraire: la fabrication de l'ignorance. Il s'agit du néologisme anglais Agnotology, forgé par l'historien du tabac, le chercheur américain Proctor. On s'interroge désormais: Pourquoi nous ne savons pas ce que nous devons savoir? En d'autres mots, grâce à cette nouvelle science de l'ignorance, il est désormais possible d'étudier comment dans une société donnée, on s'arrange pour produire, cultiver, voire enseigner et diffuser l'ignorance; c'est-à-dire, il est dorénavant accessible d'analyser les procédures fort complexes mises en place par une société donnée afin de mettre la lumière sur l’ensemble des mécanismes nécessaires pour - non point promouvoir le savoir, mais plutôt enseigner l'insignifiance. Ce qui est en soi fort prometteur.
Le concept de Agnotology est apparu pour la première fois en 1992 sous la plume du professeur Proctor de l'Université Stanford pour désigner ce qu'il appelle "la science de l'ignorance". Dans sa lutte sans relâche contre l'industrie du tabac, Proctor en est rendu à la conclusion, documentation à l'appui, qu'un nombre impressionnant d'études dites "scientifiques'' dirigées par d'imminents chercheurs dans le domaine de la santé (parmi eux des candidats au prestigieux prix Nobel), n'était dans le fond qu'un fin stratagème de validation erronée dont le but consistait davantage à camoufler et atténuer les effets nocifs de la consommation du tabac afin de redorer le blason de l'industrie -mortelle - du tabac et, par le fait même, servir aux intarissables appétits lucratifs des industriels qui sont les mêmes à appuyer financièrement lesdites recherches pseudo scientifiques. Le tout est orchestré par la connivence des grands médias imprimés et électroniques.x
Le nouveau concept développé par Proctor a tout de suite réussi à faire du bruit. Dès lors, une communauté scientifique pluridisciplinaire s'est formée autour de Proctor afin de mettre en lumière les différents mécanismes mis en place dans nos sociétés respectives afin de cultiver l'ignorance.m
L'arrivée des réseaux sociaux planétaires y joue également un rôle de taille; et ce n'est pas juste en ce qui concerne la science expérimentale et la santé. Il paraît que le fléau se généralise pour atteindre des domaines tout aussi nobles que sensibles tels entre autres, la culture, la politique, la littérature et j'en passe. Résultat: une pollution pseudo culturelle étouffante qui chante de plus en plus les vertus du tout-rapide au détriment du savoir fondamental tel qu'il a été transmis de sources sûres à travers des siècles de production du savoir commun.m
On ne s'étonnerait donc plus si l'on assiste à l'éclosion de l'homme-qui-sait-tout sans qu'il sache qu'il est, dans le fond, l'homme-qui-ignore-tout; mais le pire, c'est qu'il ignore surtout pourquoi il ne sait pas tout ce qu'il devrait savoir.m
M.C
Montréal
Après-midi du mercredi, 8 novembre 2017
Le concept de Agnotology est apparu pour la première fois en 1992 sous la plume du professeur Proctor de l'Université Stanford pour désigner ce qu'il appelle "la science de l'ignorance". Dans sa lutte sans relâche contre l'industrie du tabac, Proctor en est rendu à la conclusion, documentation à l'appui, qu'un nombre impressionnant d'études dites "scientifiques'' dirigées par d'imminents chercheurs dans le domaine de la santé (parmi eux des candidats au prestigieux prix Nobel), n'était dans le fond qu'un fin stratagème de validation erronée dont le but consistait davantage à camoufler et atténuer les effets nocifs de la consommation du tabac afin de redorer le blason de l'industrie -mortelle - du tabac et, par le fait même, servir aux intarissables appétits lucratifs des industriels qui sont les mêmes à appuyer financièrement lesdites recherches pseudo scientifiques. Le tout est orchestré par la connivence des grands médias imprimés et électroniques.x
Le nouveau concept développé par Proctor a tout de suite réussi à faire du bruit. Dès lors, une communauté scientifique pluridisciplinaire s'est formée autour de Proctor afin de mettre en lumière les différents mécanismes mis en place dans nos sociétés respectives afin de cultiver l'ignorance.m
L'arrivée des réseaux sociaux planétaires y joue également un rôle de taille; et ce n'est pas juste en ce qui concerne la science expérimentale et la santé. Il paraît que le fléau se généralise pour atteindre des domaines tout aussi nobles que sensibles tels entre autres, la culture, la politique, la littérature et j'en passe. Résultat: une pollution pseudo culturelle étouffante qui chante de plus en plus les vertus du tout-rapide au détriment du savoir fondamental tel qu'il a été transmis de sources sûres à travers des siècles de production du savoir commun.m
On ne s'étonnerait donc plus si l'on assiste à l'éclosion de l'homme-qui-sait-tout sans qu'il sache qu'il est, dans le fond, l'homme-qui-ignore-tout; mais le pire, c'est qu'il ignore surtout pourquoi il ne sait pas tout ce qu'il devrait savoir.m
M.C
Montréal
Après-midi du mercredi, 8 novembre 2017
تعليق