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Sacrifice
Poésie
Mounira Fehri
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Mes ports, qui te désirent ardemment, m'accablent.
mon petit cœur m'épuise pour toi,
me tient éveillé toute la nuit
me ramasse, des restes de souvenirs,
et me donne à l'aube pâle.

Les images du lointain passé me font danser,
la passion m'abat

Pour la tombée d'une bruine dans laquelle tu es
pour l'arrivée d'un printemps révolu, toi son automne
et la mort des désirs.

Je ne t'ai pas rêvé pour que tu te refuses
je ne t'ai pas demandé pour que tu t'excuses
je n'ai pas éteint la lune qui allume les nuages
je n'ai pas demandé aux oiseaux pour qu'ils te chantent
je ne t'ai pas trouvé pour que je te perde
je n'ai pas pitié de moi pour que je te rencontre.

Ah, l'avare d'aucun chuchotement !

Tu dis, j'ai besoin de toi, et tu ne me ressembles pas
tu dis reviens, et tu ne reviens pas
tu dis navigue, et tu ne navigues pas
tu dis fais mon printemps, et le printemps ne vient pas.

Je n'ai pas hissé le mât pour que tu partes
je n'ai pas dessiné la route pour que tu t'égares
je n'ai pas pris la mer pour que tes vagues me noient
et que tu me dessines un tableau de mots vides de sens.

Va ! Va !
Je n'aurais pas dû te rencontrer
mon soleil n'aurait pas dû se lever
mes fleurs fanées n'auraient pas dû feuiller de nouveau
mon jour n'aurait pas dû se réveiller
et moi, je n'aurais pas dû renaître
après une longue mort.

Va ! Va !
Je t'ai abandonné aux vierges
j'ai gaspillé mon joli matin
j'ai embrassé mon amère obscurité
et j'ai retourné à mon ancienne maison,
des restes d'une vie,
ruminant le souvenir d'un printemps
qui ne reviendra plus.

Va ! J'ai déjà presque oublié ma douleur
j'ai réprimé mon chagrin pour toi
et j'ai retourné à mes antiques murailles,
des restes d'une séparation.

Va ! Va !
Car nul nom ne ressemble au tien
nul dessin ne ressemble au tien
nul chant ne ressemble au tien
nulle âme ne ressemble à la tienne
nul pouls ne ressemble au tien
nul humain ne te ressemble.

Sans toi, je ne sais qui je suis
sans toi, je ne sais qui je suis
je ne sais qui je suis.
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